Port-au-Prince et ses zones avoisinantes sont sur le qui-vive depuis lundi, après l’annonce du premier ministre Ariel Henry relative à une hausse des prix des produits pétroliers et un retour à la normale du marché. Manifestations violentes, pillages, barricades, attaques armées se multiplient. Ceux qui s’opposent à cette mesure du gouvernement utilisent tous les moyens pour parvenir à leurs fins. La presse nationale et internationale se trompent de bonne ou de mauvaise foi en indiquant que ces manifestations traduisent la colère des citoyens. Loin de là. Le Messager a mené son enquête afin de mieux comprendre ce qui se passe dans les rues et d’identifier les auteurs et bénéficiaires de cette situation de chaos.
Les contrebandiers sont partout. En affaires comme en politique. Ces contrebandiers sont mécontents du fait que la nouvelle administration générale des douanes a redoublé de vigilance et a permis à l’Etat de collecter plus de 8 milliards de gourdes. Depuis fin aout, ils financent des manifestations dans les villes de province et se sont tournés vers Port-au-Prince ces derniers jours. Ils ont à leur solde des hommes politiques, prompts à réaliser les sales boulots de subversion. Ces contrebandiers sont en train de mettre la pression sur le gouvernement afin d’obtenir la clémence de la douane.
La mafia du marché noir des produits pétroliers est hétéroclite.
Ce secteur regroupe des importateurs et distributeurs de produits pétroliers qui alimentent le marché informel ou revendent le carburant en République dominicaine. On y retrouve également des policiers, des chefs de gangs et des citoyens lambdas. Depuis plusieurs mois, ce secteur engrange des bénéfices énormes dans le marché noir. Une normalisation du secteur et une élimination des subventions ne seront pas à leur avantage. Ils entreprennent tout pour faire échec à la décision d’Ariel Henry de régulariser le marché du carburant.
Barbecue, G9 an fanmi e alye, qui avait été contraint, après les interventions des forces de l’ordre, l’année dernière, de libérer le passage des camions de carburant, très affaibli après avoir perdu des batailles au Bel-Air et à Cité Soleil, qui s’était cloîtré dans le silence, a refait surface ces dernières heures. C’était la conjoncture parfaite pour lui pour se refaire une santé. Il a lancé un appel au « dechoukaj » ce jeudi. Barbecue surfe sur la vague, fait les yeux doux à ses ennemis du G-Pèp. L’objectif est clair : il veut se positionner en meneurs des citoyens en colère des quartiers populaires afin d’être en position de négocier quelques millions de gourdes.
Dans ce jeu d’intérêt et de dupes, le peuple haïtien sera l’unique et seul perdant. La colère et le désespoir des citoyens sont subtilisés et travestis afin de servir d’autres causes. En retour, ces gens vont récolter plus de misère et de chômage. Comme c’est devenu une constante depuis le 6 et 7 juillet 2018.
La Rédaction