Depuis jeudi, des policiers manifestent à Port-au-Prince et dans plusieurs villes de province pour protester contre l’assassinat de plusieurs de leurs collègues à Liancourt, à Métivier, à Carrefour-Feuilles etc. Avant de s’attarder sur le chaos provoqué par les forces de l’ordre notamment à Port-au-Prince, deux considérations s’imposent: la première, sans équivoque, il faut condamner l’assassinat odieux et crapuleux de ces serviteurs de la République – que ces assassinats participent d’un plan de déstabilisation du pays, ou que les victimes se sont retrouvées au mauvais endroit au mauvais moment, ces décès sont regrettables et condamnables-. La seconde, c’est compréhensible que des policiers, par solidarité de groupe, se sentent concernés par la mort de leurs collègues. Ils ont aussi le droit de manifester pour exprimer leur désapprobation. Contre qui et comment? La réponse à cette question fera toute la différence.
Jeudi 26 janvier, des policiers et civils armés, ont provoqué le chaos à Port-au-Prince et aux Gonaïves. À Port-au-Prince, ils ont attaqué la résidence officielle du Premier ministre, sa résidence privée et l’aéroport international qui, en principe, est une infrastructure stratégique qui doit être à l’abri de toutes les convoitises et ambitions politiques. Ces fauteurs de troubles s’en sont également pris à des membres de la population civile, et des diplomates accrédités dans le pays. Aux Gonaïves, des policiers-protestataires ont libéré de force deux policiers incarcérés à cause de leur lien présumé avec le gang de Savien. Le même gang responsable de l’assassinat des 6 policiers à Liancourt qui a provoqué ces scènes de colère. Ne cherchons pas comprendre la logique. Si logique il y a.
La colère qui a été exprimée dans les rues jeudi dernier a été, en somme, dirigée contre le Chef du gouvernement, la population civile et des diplomates étrangers. Aucune des personnes ou groupes ciblés n’ont de responsabilité directe dans l’assassinat des policiers de Liancourt. « Dan pouri gen fòs sou bannann mi », aime-t-on dire dans nôtre vernaculaire. Cette même colère a occasionné la libération d’éléments de la PNH qui ont des liens présumés avec le gang responsable de l’assassinat de 6 agents qui ont laissé leur peau en voulant mettre hors d’état de nuire des criminels.
Aujourd’hui, on a l’impression que la Police nationale est dépassée par les événements. Que les agents deviennent de plus en plus impuissants. Que les bandits ne sont plus inquiétés. Les policiers fuient leurs quartiers par crainte d’être la cible des malfrats. Certains ont même dû fuir leur pays. D’autres prêtent allégeance aux caïds. La solidarité entre frères d’armes n’existent quasiment plus. La seule solidarité réside dans leur promptitude à semer le chaos, comme on l’avait assisté en 2020, 2021 et récemment.
Généralement, les policiers trouvent un échappatoire pour fermer leurs yeux sur les exactions des bandits: ils n’ont pas reçu l’ordre d’agir. Mais qui a donné l’ordre de créer 509 Fantom? Qui a donné l’ordre de créer les syndicats interdits par la loi créant la PNH? Qui a passé les instructions pour attaquer les résidences privées et officielles du PM, pour envahir l’aéroport international et la cour du salon diplomatique? Qui a donné l’ordre d’attaquer les diplomates Bahaméens? Personne en réalité.
Qui pouvait empêcher aux policiers en colère de se diriger par milliers à Liancourt ou Savien, à la recherche des cadavres de leurs collègues et pour démanteler une fois pour toute ce gang? Personne. Qui pouvait leur empêcher de se rendre à Torcelles, à la recherche du chef de gang Vitelhomme Innocent, responsable de la mort des policiers à Métivier ? Personne.
Dans tous les cas de figure, personne ne pouvait s’opposer aux policiers. Ils étaient libres d’agir. Et ils ont agi. Cependant, ils se sont trompés de cibles, ont affaibli davantage l’institution. Ils ont en réalité étalé leur lâcheté. Pathétique.
La Rédaction