Des haïtiens sont partis pour diverses raisons. La misère, le sentiment d’insécurité, l’envie simple et légitime de vivre dans un autre pays. Jusque dans les débuts des années 2000, les transferts d’argent de la diaspora haïtienne (remittances), pour soutenir la famille restée au pays, étaient plus importants que toute l’aide internationale cumulée.
La situation a bien changé. Déjà, elle n’est plus seulement aux États-Unis, au Canada ou en France ; la diaspora haïtienne est en Amérique latine, en Turquie, sur le continent africain. Beaucoup de ressortissants de cette diaspora voudraient de préférence vivre d’Haïti, soit en se battant pour intégrer un consulat, une mission ou une ambassade ou en déstabilisant, à partir de comptes de réseaux sociaux, donnant son opinion complètement biaisée sur ce qui s’y passe, dénonçant à tort et à travers, incitant à tuer ceux qui sont, malgré tout, restés au pays et qui font souvent tout leur possible pour ce que cela aille mieux.
Les 5 dernières années nous permettent aisément de comprendre qu’il se passe des choses pas très saines avec cette « diaspora ». Beaucoup de ceux qui ont contribué à la déstabilisation et poussé comme ils peuvent à l’assassinat du Président Jovenel Moise, détiennent un passeport étranger. Les autres se sont empressés d’aller appliquer pour un TPS. Tous ont compris qu’ils avaient posé des actions qui hypothéquaient la vie de millions de gens et la leur et qu’il fallait de préférence aller se positionner ailleurs et faire semblant d’être impliqué dans la vie publique pour toujours continuer à semer la pagaille tout en se préservant des retombées provoquées par leurs coups de gueule, leurs accusations, leurs incitations à la haine et au meurtre. Personne n’est obligé de produire du sens sur les médias sociaux, il faut simplement attaquer, accuser sans preuve, diffamer et être le plus violent possible.
Il faut dire aussi que ces attitudes sont largement motivées par le « besoin d’exister ». Le départ de son pays natal après un certain âge est un acte radical. L’anonymat, les diverses relégations entrainent certainement des frustrations. Et revenir sur ses pas est aussi difficile que la décision de s’en aller. Il y a une bousculade incroyable sur les médias sociaux pour paraitre. Il faut alors commenter les températures qu’il fait au pays, une décision prise par une obscure direction générale de l’administration publique, la note vocale d’un inconnu sur une situation dans un bled perdu, les nouvelles dispositions prises par le Président Biden sur l’immigration, expliquer à l’État haïtien comment procéder pour répondre aux nombreuses demandes de passeports. Partir d’Haïti donnerait des expertises dans plein de domaines. Scientifiques, littéraires, administratifs, etc. Quand ils n’ont pas beaucoup de succès sur leurs propres comptes sur les médias sociaux, ils commentent ce qui est posté par les autres, les « infortunés » les « méprisables » qui, selon eux, subissent le pays et ne font pas « la révolution ».
Il faut avouer que certains d’entre eux sont surprenants. Ils exhibent des titres universitaires qui semblent ne pas les avoir comblés. Ils n’ont pu trouver ni d’interlocuteur, ni d’auditeur dans le pays où ils habitent, malgré les « PHD » « MBA » « JD », etc. Alors ils saoulent tout le monde, dans un français du 18e siècle, dans des shows clownesques, enregistrés dans des bibliothèques en poussant des petits cris de bête blessée entre chaque phrase.
D’autres, de là où ils sont, parviennent encore à racketter l’État et des citoyens. Ils ont des pages très suivies. La haine, la fureur, l’envie de détruire le pays natal, l’appât du gain les motivent à fond. Quand ils « taillent un bonnet » a un haïtien qui vit dans le pays, surtout un responsable de l’État, c’est pour l’éliminer moralement et éventuellement le faire trucider.
Il faudrait peut-être prendre en pitié cette diaspora-là. Qu’elle ne nous fasse surtout pas oublier, malgré notre écœurement, ceux qui travaillent très fort pour soutenir leurs familles restées au pays, ceux qui souhaitent sincèrement des jours meilleurs pour Haïti. Ceux qui ne se morfondent pas de ne pas être vus ou ne pas faire recettes sur les médias sociaux. Ceux qui espèrent revenir vivre un jour, dans un pays apaisé.
La Rédaction