Les Occidentaux ont appelé lundi 4 avril à enquêter sur les crimes de guerre imputés aux soldats russes dans la région de Kiev, démentis en bloc par Moscou mais qualifiés de génocide par l’Ukraine. Les Nations unies et plusieurs pays occidentaux ont affiché leur indignation après la découverte ce week-end de dizaines de corps portant des vêtements civils à Boutcha, au nord-ouest de Kiev, dans les rues ou des fosses communes, à la suite du retrait des Russes, qui desserrent l’étau sur la capitale pour se concentrer sur le sud et l’est du pays.
La haut-commissaire aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, s’est dite « horrifiée » et a appelé « à préserver toutes les preuves » de ces « possibles crimes de guerre » et « violations graves des droits de l’Homme ».
Le président américain Joe Biden a réclamé lundi un « procès pour crimes de guerre » et dit vouloir prendre « des sanctions supplémentaires » contre la Russie. « Il faut qu’il rende des comptes », a-t-il ajouté à propos de son homologue russe Vladimir Poutine, en répétant qu’il le considérait comme un « criminel de guerre ».
De nouvelles sanctions contre la Russie étaient discutées lundi au sein de l’Union européenne, réclamées notamment par la France et l’Allemagne.
L’UE a également annoncé avoir mis en place « une équipe d’enquête conjointe avec l’Ukraine pour recueillir des preuves et enquêter sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité », a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
L’UE souhaite notamment unir ses forces avec la Cour pénale internationale (CPI), qui enquête depuis le 3 mars sur des allégations de crimes de guerre en Ukraine.
« Les auteurs de ces crimes odieux ne doivent pas rester impunis », a ajouté Ursula von der Leyen après un entretien avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Ce dernier s’est rendu lundi à Boutcha, où il a dénoncé les exactions de l’armée russe, des « crimes de guerre » qui seront « reconnus comme un génocide », un terme également mentionné un peu plus tôt par le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, et son homologue polonais, Mateusz Morawiecki.
« Chaque jour, lorsque nos combattants entrent et reprennent des territoires, vous voyez ce qu’il se passe », a ajouté devant la presse Volodymyr Zelensky, vêtu d’un manteau kaki et d’un gilet pare-balle, entouré par des militaires dans les rues de Boutcha dévastée. Selon lui, des « milliers de personnes » ont été « tuées et torturées » par les Russes, « avec des extrémités coupées, des femmes violées, des enfants tués ».
Le Kremlin avait vivement réagi lundi matin en rejetant « catégoriquement toutes les accusations », par la voix de son porte-parole, Dmitri Peskov, qui a appelé les dirigeants étrangers à ne pas avancer d' »accusations hâtives » à l’égard de Moscou et à « écouter au moins les arguments russes ».
L’armée russe était parvenue à Boutcha et dans la ville voisine d’Irpin, qui borde Kiev au nord-ouest, très rapidement après le début de l’invasion de l’Ukraine le 24 février. Dans les semaines qui ont suivi, les deux villes ont été le théâtre de féroces combats qui les ont en partie dévastées et qui ont fait fuir la plupart des habitants.
Source: 20 minutes.fr